douce mort
Je ne sais par ou commencer, l’histoire est tellement aberrante, autant commencer par me présenter.
Je m’appelle Armand, je suis chef de service dans un hôpital Suisse.
Il y a trois mois un homme est venu en consultation dans mon service, je
l’ai fait s’asseoir en lui demandant le motif de sa venue, il m’a
affirmé avec un grand sourire qu’il désirait connaître la procédure pour
une assistance au suicide en milieux médicalisé.
J’ai tout de suite pensé qu’il avait une maladie grave ou un proche dans
une situation critique, il n’est pas rare que le fait de trouver une
aide dans ce genre de situation mette le patient dans une sereine
attitude mais de la à sourire de cette façon.
Je lui expliquai donc les procédures existantes, et les divers choses
légales à savoir pour que ce soit bien le patient qui prenne la décision
et non une tierce personne, clôturant par une demande simple sur son
état de santé, « il est excellent » me répondit-il en souriant de plus
belle, c’est donc pour un proche et lui de répondre un non catégorique.
Etant un peu perdu, je lui demandai de me décrire ce qui n’allait pas,
l’homme me dévisagea un moment puis entra dans un long monologue ou il
me parla de sa vie.
Il était né en France dans un quartier modeste de Paris, avait eu une
scolarité un peu difficile qui se fini à 17 ans quand il décida
d’apprendre un métier sur le tas comme il aimait à le dire, il devint
brocanteur, en dix années de galère il se fit une bonne place dans le
métier, peu de temps après il commença à créer une chaîne de magasin
d’aide au mariage ou les couples pouvaient déléguer tous les
préparatifs.
Nouveau succès la suite est logique vous pensez bien, mariage, deux enfants, en un mot le bonheur.
Alors pourquoi cette envie d’en finir dit-il en m'ôtant les mots de la
bouche, car tout va bien, c’est mon âge d’or personnel, c’est le bon
moment pour clôturer cette belle vie.
Il en avait parlé à sa famille et avait réussi à leur faire comprendre
qu’il voulait être maître de son destin jusqu’au bout, il voulait une
fête d’enterrement aussi sympathique que son mariage, il avait déjà
prévenue toutes les personnes concernées.
Je n’en revenais pas, je lui ai demandé de bien lire les documents et de
revenir dans deux semaines le temps de consulter d’autres collègues sur
son cas un brin compliqué.
A l’hôpital l’histoire fit grand bruit, entre ceux qui trouvaient tout
cela stupide et ceux qui trouvait le principe intéressent, il fallait le
comprendre, sa démarche n’était pas dénué de sens, mourir sans avoir
connu la déchéance de l’être, pas d’agonie ni de souffrance, surement
quelques pleurs des proches, mais ils auraient pleuré de toute façon et
la cerise sur le gâteau, ne laisser de son vivant que de bons souvenirs.
Deux semaines étaient passé et notre homme était de retour, je l’ai
examiné, nous avons parlé technique, idéologie, principe, philosophie,
que voulez vous… il était sain de corps et d’esprit que dire d’autre.
A oui, je rentre de sa fête d’enterrement, je sais pourquoi j’ai dit
oui, il y a d’autre moyen qui existe qui ne sont pas tous vraiment au
point, il y a toujours des loupés qui se retrouvent comateux ou pire, là
on savais où on allait.
Mais je suis toujours troublé, il a fait la fête avec tous ses amis, a
dit au revoir à tout le monde puis est venu me rejoindre dans une pièce
où j’avais tout installé, je lui ai expliqué une dernière fois les
consignes puis me suis en allé, sa femme l’a rejoint ils ont passé une
heure ensemble, elle est venu me voir, elle était heureuse je ne
comprenais pas, comment avait-il réussi à convaincre tous ses proches,
quel était le secret de son argumentaire. Je suis retourné le voir après
un délai convenable, il était étendus dans son cercueil, un sourire
satisfait au lèvre et le bouton déclenchant l’injection dans la main.
Au petit matin nous l’avons enterré, l’ambiance était irréelle, les
convives ne lui ont pas dit au revoir, tout avait déjà été dit le soir
même du coup il n’y avait que sa femme et moi.
Je ne sais toujours pas si il a fais le bon choix ou non, après avoir
traité des dizaines de cas d’aide à une mort honorable et décente, une
seule chose reste sure, il est mort avec panache et je ne l’oublierai
jamais, je n’ai qu’un vrai regret, je pence sincèrement que si je
l’avais rencontré plus tôt, nous serions devenu ami.
Ecrit par ode, le Vendredi 23 Septembre 2011, 22:33 dans la rubrique "Histoire".
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